Mon frère souffre de schizophrénie
Dans ma famille, tout allait plutôt bien. Mais mon frère, de qui j’ai toujours été très proche car on a juste deux ans d’écart, s’est mis à s’isoler il y a environ deux ans. Lui qui avait beaucoup d’amis, une blonde, plein d’intérêts, a tranquillement commencé à tout laisser tomber et à passer de plus en plus de temps seul dans le sous-sol. Au début on a pris ça pour une passe… une peine d’amour qui durait vraiment longtemps… mais on s’est rendu compte que ça n’allait pas du tout. Et il refusait de nous dire ce qui se passait.
Un samedi que j’étais chez les parents de mon chum, ma mère m’a appelée pour me dire que mon frère était à l’hôpital parce qu’il avait avalé une boîte de pilules. Il est resté un mois en psychiatrie. C’est là qu’il a reçu un diagnostic de schizophrénie paranoïde. Tout ça était très difficile à comprendre parce que je n’ai jamais vu mon frère avoir des comportements bizarres ou délirants, mais bon, on fait confiance aux médecins, non ?
Il s’est mis à prendre beaucoup de poids. Puis, avec l’accord de son médecin, il a eu le droit de tranquillement diminuer les doses de médicaments et il a même repris ses études !
Il allait quand même assez bien même s’il restait toujours une personne très solitaire.
Mais récemment, il a décidé par lui-même d’arrêter la médication et là, il s’est vraiment mis à avoir des comportements très inquiétants du genre : dire que mon père se chicane avec les voisins, que ma cousine parle contre lui, à voir des voitures louches aux vitres teintées… Il a même détruit et brûlé sa guitare qu’il aimait tellement !
Un soir il a disparu. C’est la police qui l’a retrouvé et emmené à l’hôpital. C’était super difficile d’aller le voir, il avait le regard complètement paniqué, mais il se sentait en sécurité là-bas. Son médecin lui a demandé de reprendre sa médication, mais il ne voulait rien savoir. Il se sentait pas malade et il disait qu’il était beaucoup mieux sans. On a donc dû passer en cour pour que le juge l’oblige a avoir des injections une fois par mois. J’ai même témoigné devant lui, c’était vraiment stressant, mais je voulais juste retrouver mon frère, qu’il aille mieux.
Depuis ça, il refuse de me parler. Avant on se parlait tous les jours, on se disait plein de niaiseries. Je m’ennuie full de lui et j’ai peur qu’il ne reprenne jamais contact avec moi.
Réflexion
Pour obtenir des soins pour ce genre de troubles sévères, il faut malheureusement utiliser le système de justice et la police. Donc la première chose à savoir, c’est que Mia n’est pas la seule à vivre ça. Son frère l’interprète comme si elle était du côté de ceux qui lui veulent du mal, alors qu’elle, c’est le contraire, elle lui veut du bien.
Et les frères et soeurs de ceux qui souffrent de schizophrénie ressentent souvent une grande solitude.
Elle ne devrait pas hésiter à demander de l’aide auprès de quelqu’un en travail social pour l’aider, elle, dans tout ça. Se rendre au CLSC de sa région par exemple. Ce professionnel entrera sans doute en contact avec l’équipe qui s’occupe de son frère et organisera probablement une rencontre familiale.
Il faut absolument reconnecter les liens, mais il faut que ce soit fait avec l’encadrement d’un professionnel.
Son frère est présentement dans une période paranoïde, mais il ne va pas rester comme ça toute la vie ! Quand on est schizophrène, on n’est pas continuellement halluciné ou en psychose. La médication va faire baisser les symptômes et, à un moment donné, il y aura une brèche où entrer. Il faut aussi que Mia se dise que c’est la maladie, et non elle, qui a provoqué cette rupture dans la relation. Elle n’avait pas le choix. C’était ça ou un grand danger pour son frère. Elle a fait ce qu’il fallait. C’est une ado très courageuse.
Marie-Chantale Doucet, sociologue et professeure à l’École de travail social de l’UQAM propose cette réflexion.
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